Affichage des articles dont le libellé est CINÉMA. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est CINÉMA. Afficher tous les articles

lundi 4 janvier 2021

Interview d'Isabelle Nanty pour le film "Les Tuche 4"

 

AVEZ-VOUS ÉTÉ HEUREUSE DE RETROUVER LES TUCHE ?

Très heureuse. Même si, comme la fois précédente, j’ai eu un peu peur que les gens en aient marre, j’étais contente de revoir mes copains. On joue tous des personnages qui nous remettent dans un état d’enfance, dans des sentiments à la fois purs et candides. C’est très agréable et très régénérant.

QUAND VOUS ÊTES ARRIVÉE SUR LE TOURNAGE À QUOI AVEZ-VOUS PENSÉ ?

À faire mon travail d’actrice le mieux possible, c’est-à-dire à retrouver la vérité de mon personnage. Même si on reprend un rôle plusieurs fois, comme c’est le cas de celui de Cathy, il n’est jamais acquis. C’est comme le succès, qui n’est jamais dû non plus, et qu’on ne peut pas contrôler. À chaque fois, on est dans le doute. On repart de zéro.

QU’EST-CE QUI VOUS AVAIT SÉDUITE DANS CE SCÉNARIO NUMÉRO 4 ?

Ce qui m’avait plu dans les précédents : cette façon qu’ont Olivier et ses complices d’arriver à bâtir leurs histoires sur des faits d’actualité, ou même de les précéder, avec un sens de la prémonition que je trouve formidable. Ils se débrouillent toujours pour que les Tuche soient tout le temps eux-mêmes, c’est-à-dire à la fois spontanés, dans une sorte de bon sens inné, politiquement neutre -ni correct ni incorrect-, et totalement en prise avec le monde d’aujourd’hui. Dans ce numéro 4, j’ai aimé leur réflexion sur la manière dont le monde va dans le mur, et les solutions qu’ils trouvent pour tenter d’échapper à ce « crash ».

AVEZ-VOUS MIS VOTRE GRAIN DE SEL ?

Pas vraiment. Dans mon retour sur le texte que j’avais reçu, j’ai suggéré ici et là quelques modifications, dont Olivier et les autres auteurs ont eu la gentillesse de tenir compte. Mais ça s’est arrêté là. Je suis de celles qui font confiance à ceux dont le métier est d’écrire et qui les laisse maîtres de leur scénario. Après, sur le plateau, Olivier nous laisse toujours libres de proposer des petites improvisations, qu’il garde ou modifie selon qu’elles sont, ou non, dans les couleurs des Tuche.

AVEZ-VOUS ÉTÉ SURPRISE DE CETTE PROPOSITION DE JOUER À LA FOIS CATHY ET SA SŒUR MAGUY ? 

Assez, oui. J’ai d’abord suggéré de prendre une autre comédienne. Mais Olivier et Jean-Paul m’ont convaincue que ce serait plus marrant si je faisais les deux. Ce petit challenge me faisait un peu peur. Il fallait que Maguy soit aussi réussie que Cathy. On a d’abord pensé faire de Maguy la jumelle de Cathy, mais une jumelle d’un caractère et d’une nature diamétralement opposés. Finalement, elles ne sont pas jumelles, mais on a gardé cette idée de contraires : Cathy est joyeuse, solaire et positive, Maguy est sombre, rigide et tourmentée. Je me suis fait tout un délire sur cette dernière. Je lui ai inventé une vie.

TECHNIQUEMENT, ÊTRE MAGUY ET CATHY DANS UN MÊME PLAN A DÛ ÊTRE CONTRAIGNANT…

Oui évidemment. Quand je devais être Cathy, ma doublure, Pascale Mariani faisait Maguy et à la deuxième prise, c’était l’inverse. C’était un peu périlleux parce qu’à chaque fois, on devait y aller à fond, alors qu’une fois sur deux, Pascale devait anticiper sur ce que j’allais faire. Une mission d’autant plus délicate qu’on n’avait pas beaucoup de temps pour nous retourner et que nos places étaient fixées au millimètre près. On a dû faire abstraction de beaucoup de choses. Mais Pascale, qui, en plus d’être comédienne, est professeur à l’école de Raymond Acquaviva a été plus que formidable. Elle aussi a dû souvent faire preuve de prémonition !

EST-CE QUE JOUER UN DOUBLE RÔLE DANS LA MÊME SCÈNE, AVEC DES HUMEURS ET DES ÉTATS DIFFÉRENTS NE RELÈVE PAS UN PEU DE LA SCHIZOPHRÉNIE ?

En fait non, parce que je joue une chose après l’autre. Comme entre deux prises, je change de costume, de coiffure et… de texte, j’ai aussi le temps de changer d’humeur, et de personnage. Il faut juste déclencher le bon « truc » quand on dit « moteur ». C’est une gymnastique, mais qui est inhérente à notre travail. J’ai adoré et en même temps j’ai beaucoup appris. De toute façon, comme je ne sais jamais très bien comment on fait pour jouer, j’ai fait comme d’habitude : je me suis débrouillée avec l’instant.

VOUS NE SAVEZ PAS COMMENT ON JOUE ?

Non, et plus j’avance, moins je le sais. Je n’ai aucune technique. Cela ne me dérange pas. Je ne cherche ni à comprendre ce que je fais quand on dit « moteur » ni à analyser ce que j’ai fait quand le metteur en scène se dit content de la prise. Il me semble que c’est « bon » lorsqu’on réussit à s’échapper de soi-même et à se soustraire à tout contrôle. Pour une fille qui a toujours rêvé de maîtriser son jeu pour répondre parfaitement à la demande du metteur en scène, c’est assez cocasse de dire cela, mais c’est ainsi ! En ce qui me concerne, les « bonnes » prises sont souvent celles où ayant tout intégré - jeu, indications, partenaire -, j’arrive à m’oublier complètement. Le problème est que s’il faut recommencer pour une raison quelconque, je suis incapable de refaire la même chose (Rire).

C’EST ASSEZ ÉTONNANT DE LA PART DE QUELQU’UN QUI A ÉTÉ PROFESSEUR DE THÉÂTRE…

En réalité, je n’ai jamais vraiment enseigné ni l’art de la tragédie, ni celui de la comédie. J’ai simplement été quelqu’un qui a accompagné ses élèves vers leur envie de rêve. J’ai essayé qu’ils se sentent libres d’être eux-mêmes. Je me considérais, en quelque sorte, comme leur premier public, avec un regard le plus bienveillant, le plus encourageant, le plus accueillant possible. Quand je mets en scène, c’est un peu pareil. Je construis un projet, avec un décor, des costumes, de la lumière et des interprètes. Et ensuite, je fais en sorte que toutes ces petites chimies coexistent et s’unissent pour faire entendre au mieux les mots et les intentions d’un auteur.

VOUS AVEZ ÉTÉ LE PROFESSEUR DE JEAN-PAUL ROUVE. ET AUJOURD’HUI, VOUS JOUEZ SA FEMME. CELA VOUS A-T-IL SEMBLÉ PARADOXAL ?

Pas du tout. Cela fait partie des joies et des (bonnes) surprises de ce métier. Quand j’ai été la prof de Jean-Paul, j’étais toute jeune. C’était il y a plus de trente ans. J’étais fan de la troupe des Robins des Bois. Je me marrais bien avec eux. Très vite, j’ai joué avec Jean-Paul. On avait des affinités et on ne s’est plus quittés. J’ai plus de souvenirs avec lui en tant que compagnons de route que de souvenirs de notre relation de prof à élève.

COMMENT AVEZ-VOUS MIS AU POINT LES ACCENTS DE JEFF ET CATHY, QUI SONT À LA FOIS DISSEMBLABLES MAIS TELLEMENT COUSINS ?

Jean-Paul, qui est originaire de Dunkerque, a repris celui qu’il avait créé au début des années 90 pour son personnage de Marcel dans Radio Bière Foot à la Grosse Émission. Et j’ai trouvé le mien en puisant dans mes souvenirs d’enfant née dans la Meuse. En fait, nous avons tous les deux brodé autour de ces accents de province qui avaient été ceux de nos années de jeunesse. On en a fait quelque chose d’hybride, de légèrement dissemblable mais, en belle « correspondance ». Ces accents nous aident à retrouver cet état d’enfance que requièrent nos personnages. C’est assez marrant parce qu’on les retrouve pratiquement à l’instant où on réenfile nos costumes.

DEPUIS LE NUMÉRO 1 DES TUCHE, JEFF EST INDISSOCIABLE DE CATHY. TOUS LES DEUX VOUS FORMEZ UN COUPLE ASSEZ SINGULIER DANS LE CINÉMA FRANÇAIS…

Avec Jean-Paul, on a commencé par se raconter beaucoup de choses sur Jeff et Cathy. On leur a inventé une histoire, d’abord individuelle puis commune. Notre façon de jouer ensemble à l’écran s’est sûrement aussi colorée de l’affection et de la tendresse qu’on se porte, Jean-Paul et moi, dans la vraie vie depuis longtemps… Le couple Jeff/Cathy, qui, à l’écran, est à la fois mari et femme, père et mère et meilleurs amis du monde s’est construit sur tout cela. J’espère qu’il est touchant, dans son respect mutuel, sa sincérité et son amour vrai.

LE TOURNAGE A ÉTÉ INTERROMPU DEUX MOIS POUR CAUSE DE PANDÉMIE. VOUS A-T-IL ÉTÉ DIFFICILE DE VOUS REMETTRE DANS « L’HUMEUR » DU FILM ?

Non, on était contents de se retrouver et de reprendre nos personnages. On a remis nos costumes, on s’est refait maquiller et coiffer. Et c’est reparti !

CATHY EST-ELLE UN PERSONNAGE FATIGANT À JOUER ?

En général, ce ne sont pas les personnages qui sont fatigants, ce sont les horaires de tournage. Donc, la réponse est non. Cathy a beau exiger d’être jouée avec un maximum de sensibilité et d’affect, elle n’est pas « lessivante ». Personnellement, je m’appuie beaucoup sur l’équipe. Je suis en connexion totale avec elle. Je me décharge beaucoup sur elle. C’est très réconfortant.

COMPRENEZ-VOUS L’AMOUR CROISSANT DU PUBLIC POUR LES TUCHE, QUI AU DÉPART AVAIT ÉTÉ LANCÉ UN PEU COMME UN OVNI ?

Je pense qu’au début, un certain nombre de gens ont aimé cette famille pour sa candeur et sa gentillesse. Si d’autres se sont joints ensuite à eux, c’est sans doute parce qu’ils se sont rendu compte que cette famille était sincère. Peut-être aussi ont-ils apprécié le fait que les personnages des Tuche ne s’inspirent de personne, qu’ils n’ont pas été inventés pour se moquer de quiconque, que leur ADN, c’est juste d’être des enfants, droits, généreux, ouverts, spontanés et entiers. Quand les Tuche aiment, ils aiment sans restriction, sans limite. Quand ils mettent de la couleur dans les choses, ils en mettent beaucoup. Quand ils font un sapin, il est ultra-chargé. Ce sont des gens dont la soif de vie s’exprime à tous les instants. Ce sont des résistants aux « chienlits » de la vie. Et puis, ils n’ont aucun cynisme, aucun second degré. Quand on les interprète, on ne doit pas en mettre non plus. On doit juste faire appel à notre enfance, à nos capacités d’émerveillement. C’est peut-être cela qui touche les gens.

EST-CE QUE LE PERSONNAGE DE CATHY A CHANGÉ QUELQUE CHOSE EN VOUS ?

Je ne sais pas. J’ai plutôt l’impression qu’elle suit mon évolution. Elle prend du poids, comme moi, elle voit ses enfants grandir, comme moi, elle voit le monde évoluer en continuant de n’y rien comprendre, comme moi aussi. Au fond Cathy c’est quelqu’un d’impuissant qui se trouve toujours illégitime partout où elle passe. C’est comme cela que je la joue, parce que c’est comme cela que je la ressens. La seule arme de Cathy, c’est juste de faire ce qu’elle sait faire, à savoir, aimer et faire à manger. Je trouve que c’est déjà énorme pour une femme comme elle qui ne se sent jamais à sa place.

VOUS SERIEZ PARTANTE POUR UN CINQUIÈME TUCHE ?

À condition que le scénario soit de la même exigence que celui du 4, évidemment !

mercredi 2 janvier 2019

Interview de Christian Clavier et Chantal Lauby


Entretien avec Christian Clavier et Chantal Lauby à l'occasion de la sortie dans les salles le 30 janvier du film "Qu'est-ce qu'on a ENCORE fait au bon dieu ?" 

Résumé : Le retour des familles Verneuil et Koffi au grand complet !
Claude et Marie Verneuil font face à une nouvelle crise.
Leurs quatre gendres, Rachid, David, Chao et Charles sont décidés à quitter la France avec femmes et enfants pour tenter leur chance à l’étranger.
Incapables d’imaginer leur famille loin d’eux, Claude et Marie sont prêts à tout pour les retenir.
De leur côté, les Koffi débarquent en France pour le mariage de leur fille. Eux non plus ne sont pas au bout de leurs surprises…

Christian Clavier avez-vous hésité avant de vous relancer dans l’aventure du « Bon Dieu » ?

Christian Clavier : Non, j’ai immédiatement accepté. J’avais dit à Philippe de Chauveron que je le suivrais si l’aventure se poursuivait car je m’étais régalé sur le premier volet et vu le triomphe qui a été réservé à ce film, ça me paraissait évident de jouer dans la suite. C’est toujours un plaisir quand le public vous accompagne ; il ne s’agit pas de compter les entrées mais de partager avec les spectateurs quelque chose et de se dire qu’on a un humour commun.

Qu’est-ce qui vous plaisait dans ce nouveau scénario ?


Christian Clavier : Le fait de retrouver les personnages que l’on a découvert dans « Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ? », cette famille composée de mariages mixtes entre les filles et les gendres. Ils sont face à une nouvelle problématique mais ce sont les mêmes, avec des traits de caractère bien à eux.

Avez-vous retrouvé facilement votre personnage de Claude Verneuil ? 

Christian Clavier : Oui car dès le départ, Philippe l’avait écrit pour moi et nous nous sommes tellement amusés à le créer sur le premier film que j’avais gardé en tête le souvenir d’un vrai plaisir de jeu. C’est un homme qui dit tout ce qu’on ne doit pas dire : sa pensée est sa parole, c’est donc jouissif de l’incarner. C’est une belle rencontre ce Claude Verneuil car c’est un vrai personnage comique.

L’idée de faire aimer la France à ces jeunes vous plaisait-elle particulièrement ?

Christian Clavier : A partir du moment où nous aimons tous notre pays, c’est très sympathique de vanter ses qualités, mais ce qui est amusant ici c’est le côté paradoxal de la situation. Le beau-père que j’incarne est habituellement très critique sur tout, alors le mettre dans la position où il doit présenter une image extrêmement positive de la France, est très amusant. Comment se sont passées les retrouvailles avec votre « épouse » Chantal Lauby ? On s’est beaucoup amusés, encore plus que sur le premier tournage. J’adore Chantal, c’est une merveilleuse partenaire, elle est exceptionnellement amusante, charmante et drôle dans ce film. Elle l’était déjà dans « Qu’estce qu’on a fait au Bon Dieu ? » mais je trouve que notre complicité a grandi.

Considérez-vous désormais les jeunes comédiens du film comme des membres de votre famille ?

Christian Clavier : Oui, même en dehors du plateau, nous nous amusons des rapports gendre/beau-père qui lient nos personnages. On le joue, on le vit, c’est très marrant. Et puis la découverte que l’on a vécue sur le premier tournage s’est prolongée sur le deuxième. Nous nous connaissions mieux mais nous avons essayé de retrouver l’état du premier.

Y avait-il place à l’improvisation ?

Christian Clavier : Oui car j’aime amener des choses au fil du jeu pour pouvoir apporter à mon personnage à toutes les prises. Après, Philippe fait le choix de les garder ou pas, mais c’est comme ça que je procède : je passe mes journées à jouer. 



Chantal Lauby avez-vous hésité avant de vous relancer dans l’aventure du « Bon dieu » ?

Chantal Lauby : En lisant le scénario, j’ai tout de suite trouvé que la nouvelle problématique à laquelle était confrontée la famille Verneuil allait bien avec l’époque dans laquelle nous nous trouvions. J’ai donc accepté immédiatement car l’idée de retrouver l’équipe me plaisait déjà beaucoup.

Avez-vous retrouvé facilement votre personnage de Marie Verneuil ?

Chantal Lauby : Oui car je l’aime bien et elle n’est pas très éloignée de moi. Marie Verneuil est double, triple même. C’est une bourgeoise de province installée qui semble être un peu dans l’ombre de son mari mais veille activement sur sa famille. Elle a quatre jolies filles qu’elle a élevées et pour lesquelles elle reste à l’écoute. Or le fait qu’elle accepte beaucoup de choses d’elles lui donne un côté rock’n roll. C’est ça que j’aime chez Marie : on peut penser qu’elle est coincée, bornée mais c’est un personnage qui va à la rencontre des autres et accepte de s’ouvrir à eux malgré leurs différences pour apprendre à les connaître et les accueillir dans sa famille. Car pour elle, la famille compte plus que tout. J’en connais plein des femmes comme elle. Marie me rappelle un peu ma mère qui était catholique, nous avait élevé dans la religion mais avait aussi un esprit très ouvert. Elle rêvait de faire du théâtre, je la trouvais très moderne, dix fois plus rock que n’importe quelle autre femme. D’ailleurs, elle était la première à rire de tout ce que je pouvais balancer dans les Nuls, c’était ma première cliente. On a souvent des préjugés sur les bourgeois catholiques mais quand on connaît les gens, quand on vit avec eux, on se rend compte qu’ils ne sont pas fondés. C’est ce que raconte ce film.

Avec ses petits-enfants, Marie Verneuil est une grand-mère de choc…

Chantal Lauby : En effet, elle aime faire la fofolle avec eux car c’est un moment où elle peut s’amuser et se lâcher. Elle a sans doute été un peu étouffée par son mari parce qu’il aime jouer les patriarches mais on sent bien que dans la maison c’est elle qui tient les rênes. Elle est maternelle et quand elle dit à son mari « je ne veux pas que les enfants s’en aillent », il sait qu’elle ne rigole pas. Dans ce film, Marie a changé certaines habitudes mais reste sur sa ligne : après la zumba, elle est passée à la marche nordique pour évacuer quand ça ne va pas. Cette activité physique lui permet de sortir ce qu’elle a en elle quand c’est trop lourd. J’aime ensemble ces quatre années avec leurs filles, leurs gendres et leurs petits-enfants. L’idée que Verneuil devienne écrivain et qu’il se la joue un peu me faisait rire car je savais très bien où cela pourrait nous amener. J’ai un vrai plaisir à jouer avec Christian parce qu’on cherche toujours à s’amuser et à se surprendre. Avant chaque scène, on jubile en pensant à ce qu’on va servir à l’autre, de la façon dont on va dire chaque réplique pour le faire rire et l’étonner. Je crois que c’est le secret d’un couple qui dure.

Quel est selon vous le secret pour faire rire le public ?

Chantal Lauby : Il faut rester au premier degré et ne jamais en faire plus que son personnage. Le piège est de mettre, derrière ses mots, une autre intention que la sienne. A partir du moment où on les dit avec sincérité, tout passe. C’est le cas des gros mots par exemple. Il n’y a pas de raison qu’ils soient vulgaires. La vulgarité vient du regard, de la façon de tenir sa bouche ou son corps mais pas du mot en lui-même.

L’idée de faire aimer la France à ces jeunes vous plaisait-elle particulièrement ?

Chantal Lauby : Oui car c’est notre pays. On peut parfois le détester car nous sommes des râleurs mais il y le fait que Philippe de Chauveron en ait fait une femme bien moins soumise et étriquée qu’on ne pourrait l’imaginer. Elle est aimante, maladroite par moment, naïve, mais elle a des valeurs auxquelles elle se tient. Et si parfois les choses ratent ou qu’elle peut faire du mal inconsciemment en disant ce qu’elle pense, elle n’est ni méchante ni cynique.


Dans ce deuxième volet, on découvre aussi que c’est une « mamie 2.0 ». Est-ce votre cas ?

Chantal Lauby : Elle ne l’était pas du tout dans le précédent film mais c’est arrivé avec le temps. Cela m’a amusé car on peut rencontrer des gens comme elle qui se vantent d’être à la pointe de la technologie mais disent « amstramgramme » au lieu d’Instagram. Moi-même, parfois, je fais rire ma fille en me mélangeant les pinceaux car les réseaux sociaux, ce n’est pas de ma génération. Je m’y suis mise petit à petit parce qu’on m’a installé des applis mais dans les premiers temps, je ne savais pas trop où j’allais ni ce que j’allais y raconter.

Comment se sont passées les retrouvailles avec votre « mari » Christian Clavier ?

Chantal Lauby : C’est comme si nous ne nous étions jamais quittés, comme si le couple que nous formions avait vécu a en France une liberté, un mélange culturel et des échanges qu’onces quatre années avec leurs filles, leurs gendres et leurs petits-enfants. L’idée que Verneuil devienne écrivain et qu’il se la joue un peu me faisait rire car je savais très bien où cela pourrait nous amener. J’ai un vrai plaisir à jouer avec Christian parce qu’on cherche toujours à s’amuser et à se surprendre. Avant chaque scène, on jubile en pensant à ce qu’on va servir à l’autre, de la façon dont on va dire chaque réplique pour le faire rire et l’étonner. Je crois que c’est le secret d’un couple qui dure.

Quel est selon vous le secret pour faire rire le public ?

Chantal Lauby : Il faut rester au premier degré et ne jamais en faire plus que son personnage. Le piège est de mettre, derrière ses mots, une autre intention que la sienne. A partir du moment où on les dit avec sincérité, tout passe. C’est le cas des gros mots par exemple. Il n’y a pas de raison qu’ils soient vulgaires. La vulgarité vient du regard, de la façon de tenir sa bouche ou son corps mais pas du mot en lui-même.

L’idée de faire aimer la France à ces jeunes vous plaisait-elle particulièrement ?

Chantal Lauby : Oui car c’est notre pays. On peut parfois le détester car nous sommes des râleurs mais il y a en France une liberté, un mélange culturel et des échanges qu’on ne trouve pas partout. Moi je n’aurais pas pu quitter la France : en bonne auvergnate, j’ai besoin de mes racines et de ma terre pour me sentir ancrée.


mardi 10 avril 2018

Interview de Valérie Bonneton "La Ch’tite famille"


Valentin D. et Constance Brandt, un couple d’architectes designers en vogue préparent le vernissage de leur rétrospective au Palais de Tokyo. Mais ce que personne ne sait, c’est que pour s’intégrer au monde du design et du luxe parisien, Valentin a menti sur ses origines prolétaires et ch'tis. Alors, quand sa mère, son frère et sa belle-sœur débarquent par surprise au Palais de Tokyo, le jour du vernissage, la rencontre des deux mondes est fracassante. D’autant plus que Valentin, suite à un accident, va perdre la mémoire et se retrouver 20 ans en arrière, plus ch’ti que jamais !

LA CH’TITE FAMILLE EST VOTRE TROISIÈME FILM AVEC DANY, LE DEUXIÈME EN TANT QUE METTEUR EN SCÈNE... COMMENT PARLERIEZ-VOUS DE VOTRE RELATION PROFESSIONNELLE ET AMICALE AVEC LUI ?

Valérie Bonneton : En réalité, je considère que celui-ci est vraiment mon premier film avec Dany, celui où je le découvre vraiment. Je jouais un petit rôle dans SUPERCONDRIAQUE mais je l’avais déjà trouvé comme un poisson dans l’eau sur son plateau. Cette impression a été grandement confirmée... Humainement ensuite, je vous dirais qu’il n’a pas changé et pour moi, nous faisons vraiment partie de la même famille. Nous ressentons des choses communes l’un envers l’autre : de l’admiration, du respect et de la complicité qui s’exprime dans notre jeu d’acteur quand nous sommes réunis. Dany m’avait parlé il y a longtemps de cette « Ch’tite famille » et comme nous venons tous les deux du Nord, il y avait comme une évidence à ce que l’on retravaille ensemble, surtout sur ce rôle-là...

PARLEZ-NOUS DE LOULOUTE JUSTEMENT, VOTRE PERSONNAGE...

Valérie Bonneton : J’ai été très touchée par la lecture du scénario : il y avait pour moi entre les lignes quelque chose du conte... L’histoire de ce type qui renie ses origines parce qu’il a honte de là d’où il vient, qui est victime d’un accident et qui s’endort comme « La belle au bois dormant » avant de se réveiller et de retourner vers son amour d’enfance, vers ses racines... Quant à Louloute, c’est pour moi l’une de ces femmes typiques du Nord que je connais très bien. Elle est assez différente de ce qu’on me propose d’habitude, ces personnages forts, hauts en couleur. Là, c’est quelqu’un qui fait partie des « petites gens » comme on dit. Une fille honnête, droite, plus émouvante que comique d’ailleurs. J’ai adoré incarner Louloute, ce qui m’a permis aussi au passage de retrouver mon accent Ch’ti !

EST-CE QUE ÇA REVIENT VITE D’AILLEURS ?
ET COMMENT NE PAS EN FAIRE TROP POUR RESTER CRÉDIBLE ET PAS CARICATURAL ?

Valérie Bonneton : C’est la première chose à laquelle j’ai pensé !

Je crois en fait que je n’aurais pas joué ce rôle si ça ne me renvoyait pas à 200% à mes origines : cet accent ne m’a jamais quitté...

Il m’arrive très souvent de l’utiliser pour blaguer, je continue de parler le patois Ch’ti dans ma famille, où l’on est vraiment du Nord profond : celui des Corons pas celui de Lille... Et c’est sans doute pour cela que l’histoire du film m’a à ce point émue : moi aussi à l’adolescence j’ai eu un peu honte de cet accent, j’ai voulu le perdre, le quitter.

Ce qui est intéressant au final j’espère, c’est que la vérité du personnage de Louloute, ce qu’elle est vraiment, prime sur sa manière de parler...


JAMAIS PERSONNE NE VOUS A CONSEILLÉ DE METTRE CES RACINES NORDISTES DE CÔTÉ POUR « RÉUSSIR » COMME ON DIT ?

Valérie Bonneton : Non, jamais mais vous savez, je ne me serais pas laissée faire ! Mon père me disait que l’on retourne toujours de là où l’on vient... Bien sûr j’ai eu envie de partir mais j’y suis revenue et surtout, je n’ai jamais oublié combien ces gens du Nord sont rares. Quand je suis arrivée à Paris, on me prenait pour une folle parce que je disais bonjour à tout le monde dans la rue ! C’est une autre mentalité, un esprit différent...

VOUS ÊTES DONC DU NORD, COMME DANY BOON, LINE RENAUD, GUY LECLUYSE ET PIERRE RICHARD... IL Y AVAIT UNE SORTE DE « CLAN DES CH’TIS » SUR LE PLATEAU ?

Valérie Bonneton : Ah oui et pour de vrai ! Vous savez, les gens du Nord, c’est comme les belges : on les reconnait tout de suite et on est bien en leur compagnie. Vous parlez de Line : c’est une femme qui est restée très simple, sans aucun à priori ou jugement. Quand elle rencontre quelqu’un, elle regarde et elle écoute d’abord ! Alors je sais bien que l’on a coutume de dire que « le tournage a été merveilleux, etc » mais c’est pourtant vrai et cela tient surtout à Dany... Il sait s’entourer de personnes exceptionnelles, comme Line Renaud. Pour moi, ça a été une belle rencontre, une grande leçon.

SI L’ON AJOUTE FRANÇOIS BERLÉAND ET LAURENCE ARNÉ QUI SONT AUSSI DE VRAIES NATURES, Y A-T-IL EU DES MOMENTS SUR LE TOURNAGE OÙ DANY BOON RÉALISATEUR A ÉTÉ OBLIGÉ DE BRIDER UN PEU VOS ARDEURS COMIQUES ?

Valérie Bonneton : C’est vrai qu’il y avait de l’ambiance :

Laurence Arné et François Berléand ne sont pas les derniers quand il s’agit de s’amuser !

Mais le scénario de Dany était écrit très précisément. C’est avant tout un metteur en scène qui sait ce qu’il veut, même s’il est toujours à l’écoute de ce que ses comédiens peuvent lui proposer. Il prend ou pas ce que vous lui apportez mais il y fait attention...

Dany, je l’ai connu quand il avait 20 ans et il n’a pas changé : sur ce film, c’est lui qui a piqué le plus de fou-rires ! Nous n’avons jamais ressenti la moindre pression... Pour lui, rien n’est un problème ou un obstacle, tout le monde est le bienvenu sur le plateau.

Je me souviens d’un jour où ma fille était malade : il s’est arrangé pour aller la faire chercher à l’école et quand elle est arrivée, il l’a présentée à l’équipe, lui a montré les prises... C’est quelqu’un qui est dans la vie avant tout et dont l’intelligence lui permet de ne pas se laisser rattraper par la tension d’un film important comme LA CH’TITE FAMILLE ...

UN MOT DE GUY LECLUYSE QUI INCARNE GUS, VOTRE MARI, LE FRÈRE DE DANY DANS LE FILM. UN PERSONNAGE UN PEU À LA DÉRIVE QUI APPORTE BEAUCOUP DE TENDRESSE...

Valérie Bonneton : Absolument et le couple qu’il forme avec Louloute représente ces mariages qui résistent au temps malgré les problèmes et les défauts parfois insupportables de l’autre, l’alcool en l’occurrence pour Gus. Je trouve qu’il y a beaucoup de solidarité entre eux et c’est d’ailleurs leur seule richesse : à part leur amour, ils n’ont pas grand-chose.

Je suis certaine qu’à Paris, Louloute et Gus se seraient séparés, parce qu’il y a d’autres intérêts...

CE QUI EST INTÉRESSANT DANS LE FILM, C’EST QUE MALGRÉ LES NOMBREUX PERSONNAGES, VOUS PARVENEZ TOUS À EXISTER VRAIMENT, COMME S’IL N’Y AVAIT PAS DE RÔLE PRINCIPAL...

Valérie Bonneton : C’est tout à fait vrai et là encore, c’est grâce à Dany... Sur un tournage, il ne laisse jamais quelqu’un tout seul par exemple, il s’inquiète de savoir où vous êtes, avec qui vous mangez ! On se retrouve donc tous ensemble à regarder les scènes et croyezmoi, ce n’est pas toujours comme ça ! Dany n’est pas quelqu’un comme les autres et ses films s’en ressentent forcément... Vous savez, il n’y a pas de mystère à sa popularité : il ne triche pas, il raconte qui il est à travers ses films et son but ultime est vraiment de donner du bonheur à ses spectateurs... Dans LA CH’TITE FAMILLE, on pourrait se dire qu’opposer les designers parisiens et les petites gens du Nord c’est caricatural, mais non : le film n’est méchant ou moqueur à aucun moment, même s’il pointe les failles de chacun. C’est juste de la tendresse et de la bienveillance...

dimanche 7 janvier 2018

Interview de Catherine Frot pour le film "Momo"


A l'occasion de la sortie du film "Momo" le 27 décembre, Catherine Frot a répondu à quelques questions.

Un soir, en rentrant chez eux, Monsieur et Madame Prioux découvrent avec stupéfaction qu’un certain Patrick s’est installé chez eux. Cet étrange garçon est revenu chez ses parents pour leur présenter sa femme. Les Prioux, qui n’ont jamais eu d’enfant, tombent des nues… D’autant que tout semble prouver que Patrick est bien leur fils. Patrick est-il un mythomane ? Un manipulateur ? Les Prioux ont-ils oublié qu’ils avaient un enfant ? Madame Prioux, qui souffre de ne pas être mère, s’invente-t-elle un fils ? 


On connaît votre passion de comédienne pour le théâtre. Connaissiez-vous le travail de Sébastien Thiéry, l’auteur de la pièce « Momo » et coréalisateur du film ?

Catherine Frot : Bien sûr : j’étais allée voir « Comme s’il en pleuvait » en 2012 avec Evelyne Bouix et Pierre Arditi. Mais malheureusement je n’avais pas pu voir « Momo » sur scène car au même moment je jouais « Fleur de cactus ». En revanche, j’ai évidemment lu le texte de Sébastien dans sa version théâtre, puis le scénario du film, et j’ai vu les changements importants qu’il y avait apportés. Son adaptation cinématographique entraîne l’histoire et les personnages ailleurs, en développant notamment le personnage d’André Prioux, interprété par Christian Clavier. Du coup, je trouve que mon rôle, celui de Mme Prioux a gagné en sentimentalité, en émotion.

C’est cette dimension-là qui vous donne envie de vous lancer dans ce projet de cinéma ?

Catherine Frot : Oui absolument. Je savais aussi que Christian Clavier avait déjà été choisi pour jouer André Prioux. Et puis, ce qui m’a tout de suite intéressée, c’est la dimension absurde de l’histoire : le fait que le récit et les personnages basculent vite dans un univers presque irréel.

Vous parlez de l’absurde : il devient soudainement très réaliste dans l’histoire et c’est tout le pari du film.

Catherine Frot : Oui, on doit adhérer à quelque chose d’insensé, qui n’existe pas !
Mon personnage est l’emblème de cela. Ce qui est troublant, c’est que pas mal des femmes que j’ai interprétées au cinéma évoluent dans cette dimension-là : des sortes de bulles de folie…

Cela signifie-t-il que vous avez ça en vous ?

Catherine Frot : Je ne sais pas mais ça me questionne en tout cas ! Si je repense à ODETTE TOULEMONDE, à MARGUERITE ou à Yolande dans UN AIR DE FAMILLE, je me rends compte que ce sont des femmes qui fonctionnent dans l’affabulation d’une autre vie. Apparemment, les réalisateurs m’imaginent ou m’envisagent parfois dans ce registre-là. C’est exactement ça dans MOMO : Laurence Prioux veut croire que cet homme qui fait irruption dans sa vie est bien son fils alors qu’elle n’a pas eu d’enfant.

Vous le dites, Mme Prioux est une femme qui n’a pas été mère… Vous qui l’êtes, êtes-vous allée puiser dans votre vécu pour construire ce personnage ?

Catherine Frot : Non parce que c’est avant tout de la comédie pure et je ne crois pas que pour jouer cela il faille aller chercher trop loin en soi. Cela ne m’empêche pas de me laisser aller à l’émotion, voire à me laisser déborder par elle quand je joue un personnage.




De quelle manière avez-vous travaillé avec vos deux coréalisateurs, Sébastien Thiéry et Vincent Lobelle ?

Catherine Frot : Les tâches étaient bien réparties entre eux deux : Sébastien se concentrait sur les comédiens et Vincent sur la mise en scène, l’aspect visuel du film. Il fallait trouver la balance entre la comédie, portée par Christian et l’émotion qui est au coeur du texte, car sur le fond, cette histoire-là raconte des choses qui vont bien au-delà du rire. La vraie difficulté, et ce que le film parvient à dégager il me semble, c’est un juste milieu entre la sensibilité et la comédie. C’est un mélange qui peut paraître incongru mais il est cohérent avec ce que raconte MOMO. En fait, c’est un film bâti sur des sentiments et des personnages opposés et l’on sait tous que parfois, ce qui s’oppose s’attire… Le plus et le moins peuvent déclencher la foudre : Christian dans la folie comique démesurée et moi dans l’émotion et la suspension !

Comment justement avez-vous vécu vos retrouvailles de cinéma avec Christian Clavier, 35 ans après vous être croisés dans « Les babas-cool » ?

Catherine Frot : Il y avait de la gourmandise pour moi à me confronter à la puissance de son jeu comique hors-normes. Je l’ai vraiment redécouvert dans QU’EST-CE QU’ON A FAIT AU BON DIEU ? où je le trouve hilarant ! Je suis très disponible pour ce genre d’exercice, j’aime recevoir l’énergie de mes partenaires sur un plateau.

Est-ce facile de trouver sa place face à cette machine de guerre du rire ?

Catherine Frot : Non pas toujours ! Ce qui m’a aidée, c’est le fait d’avoir à jouer une partition totalement opposée à la sienne et puis surtout, il y a entre nous un vrai respect de nos registres différents. MOMO est une sorte de curiosité absurde, comme dans les textes de Ionesco. On ressent également ça dans les décors très soignés qui rendent crédibles l’originalité du propos.

Un mot aussi de vos deux autres partenaires dans le film, Sébastien Thiéry qui joue votre « fils » et Pascale Arbillot dans le rôle de sa compagne.

Catherine Frot : J’aime beaucoup ces deux personnages qui amplifient la dimension très touchante du récit. On les croirait tous les deux quasiment sortis d’un film surréaliste, une sorte de couple à la Pierre Etaix ou Jérôme Deschamps ! Au final, vous avez André Prioux très concret, raisonnable, Laurence Prioux dans sa bulle inventée et puis « le fils » et sa compagne, dans une poésie qui dépasse l’entendement. J’aime beaucoup cela et j’espère vraiment que les spectateurs y seront également sensibles.


Vidéo Buzz

Quand Marilyn fait de la publicité sans le vouloir pour un célèbre parfum